Prévu en France pour la fin de l’année 2020, le déploiement de la technologie 5G « 5ème génération » va permettre la mise en œuvre de nouveaux services et infrastructures. Elle permettrait notamment un débit 10 fois plus élevé que la 4G. C’est une promesse de rapidité, de faible consommation d’énergie mais surtout, permettre de gérer un grand nombre d’appareils connectés, téléphones, ordinateurs, voitures connectées, maisons connectées et même villes intelligentes.
La 5G s’ajoutera aux rayonnements déjà émis par les réseaux de téléphonie mobile 2G, 3G et 4G. Elle utilisera une partie du spectre des ondes radio, celle située entre 3,4 et 3,8 gigahertz (GHz). Par la suite, de nouvelles bandes, d’une fréquence plus élevée que celles utilisées actuellement, seront requises : les bandes 26 GHz, déjà utilisées par certains satellites, devraient être mises à disposition en 2023.
Où en est-on en France ?
Les enchères pour l’attribution aux opérateurs des blocs de fréquences comprises entre 3,4 et 3,8 Ghz ont débuté le 29 septembre et se sont terminées le 1er octobre 2020. Elles ont rapporté à l’État près de 2,8 milliards d’euros (les fréquences appartiennent au domaine public). À l’issue de 17 tours d’enchères, le prix par bloc de 10 MHz a été fixé à 126 millions d’euros. C’est Orange qui détient la plus grande part avec quatre blocs. SFR en détient trois, tandis que Bouygues Télécom et Free en ont chacun deux. La prochaine étape doit déterminer où les opérateurs souhaitent se situer sur cette bande fréquence, afin d’être plus ou moins sensibles aux interférences avec d’autres télécoms. L’Arcep (Autorité de régulation électronique, des postes et de la distribution de la presse), demande aux quatre opérateurs de couvrir au moins 90% du territoire en 5G et 4G+ d’ici 2025.
Aujourd’hui, plus de 500 antennes 5G sont actives en France. L’agence nationale des fréquences (ANFR) met à disposition une carte interactive pour découvrir où elles se trouvent. Pour les voir il suffit de cliquer sur « configurer l’affichage », décocher 4G, 3G et 2G, sélectionner « station en service » et pour finir décocher TV, Radio, réseaux mobiles privés, faisceaux hertziens et autres stations.
Sans surprises, les antennes se trouvent dans les métropoles de Paris (108), Marseille (98), Lille (89), Nantes (55), Montpellier (54), Lyon (24), Toulouse (22), Bordeaux (20) et Rouen (5).
Quels risques pour l’environnement ?
Selon le dossier « Breaking the energy curve » du télécom suédois Ericsson « la consommation énergétique est susceptible d’augmenter de manière dramatique si la 5G est déployée de la même manière que la 4G ». Il rajoute « qu’un équipement 5G consomme 3 fois plus qu’un équipement 4G, et ajouter des équipements 5G aux sites existants (2G, 3G, 4G) conduira à doubler la consommation du site. »
Le 13 septembre 2020, une tribune signée par une soixantaine d’élus dans le JDD demandent un moratoire sur la 5G. Parmi les arguments : l’impact environnemental de cette technologie.
« Le déploiement de la 5G va exponentiellement accélérer l’exploitation de ressources naturelles non renouvelables, la pollution due à l’extraction des métaux rares et la génération de quantité de déchet peu ou pas recyclables. »
Notre santé déconnectée ?
En septembre 2017, 230 scientifiques et médecins du monde entier ont lancé un moratoire commun sur les dangers de la 5G. « La 5G augmentera l’exposition aux champs électromagnétiques de radiofréquence », ont-ils prévenu. Pour eux la 5G et surtout les ondes millimétriques qu’elle dégagera augmentera « le risque de cancer, de stress cellulaire, de dommage génétique, de déficits d’apprentissage, de mémoire, et de troubles neurologiques ».
En France, en janvier 2020, deux associations, Priartem et Agir pour l’Environnement, ont déposé un recours devant le Conseil d’État, pour contester l’arrêté du 20 décembre 2019 qui a donné le coup d’envoi du processus d’attribution des fréquences du réseau 5G mobile.
Elles reprochent au gouvernement de se lancer dans un « projet pharaonique », et ce « sans en mesurer les conséquences sur la santé, l’environnement et les libertés publiques ».
Le rapport le plus récent date du 1er septembre 2020, réalisé par le Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD), le Conseil général de l’économie (CGE), l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et l’Inspection générale des finances (IGF). Selon eux, « Il n’existe pas, selon le consensus des agences sanitaires nationales et internationales, d’effets néfastes avérés à court terme, […] ni dans le grand public, ni chez les travailleurs ». En ce qui concerne les effets sur le long terme, ils sont « à ce stade, pour l’essentiel, non avérés selon les mêmes agences nationales et internationales. Des débats persistent toutefois, notamment pour ces effets de long terme, au sein de la communauté scientifique. »
L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), a été chargée par le gouvernement de « conduire une expertise sur l’exposition de la population aux champs électromagnétiques découlant de cette technologie et aux éventuels effets sanitaires associés ».
En janvier 2020, dans un rapport préliminaire, elle a indiqué qu’il lui est encore impossible de déterminer les effets sanitaires des ondes émises par la 5G. Elle « manque de données scientifiques sur les effets biologiques et sanitaires potentiels » pour rendre des conclusions pertinentes, attendues au 1er trimestre 2021.
Néanmoins, l’Anses « ne voit pas en quoi les signaux de la 5G seraient fondamentalement différents et plus dangereux que ceux de la 4G. » Côté 4G, l’OMS n’a pas encore pu établir l’existence d’un impact du réseau sur la santé. Affaire à suivre.