Grâce à la technologie, de nouvelles initiatives peuvent aider à lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Sandy Beky, dirigeante et fondatrice de Kyosei Solution Labs, est aussi à l’origine d’un autre projet engagé. Elle nous explique l’application HeHop, qui veut apporter des preuves irréfutables à la justice.
« Quand on regarde les chiffres des plaintes classées sans suite, une des raisons principales est l’absence de preuves tangibles.» Ce constat a poussé l’association HeHop (Help for Hope) à créer leur application. Le concept est simple : les éléments photos, vidéos et audios capturés avec HeHop sont enregistrés sur la blockchain et sécurisés sur un serveur crypté. Ainsi stockés, ces fichiers sont protégés de tout risque de modification et falsification. Un point crucial lorsqu’une plainte est déposée.
Si les preuves sont aussi importantes lorsque l’on parle de violences sexuelles, c’est pour corroborer le discours parfois confus et incohérent des victimes dû au traumatisme vécu. Et « ne pas se retrouver dans le piège de la parole de l’un contre la parole de l’autre », comme l’illustre Sandy Beky. Le parcours judiciaire parfois très éprouvant voire vécu comme un autre type de violence par les victimes a été l’une des motivations de ce projet porté par Sandy.
C’est lors d’une conférence du Think Tank G9+ que cette entrepreneure spécialiste du leadership et de l’économie circulaire a eu l’idée de créer HeHop. Le thème de cette rencontre ? La technologie dans la lutte contre la cyberviolence. Myriam Quéméner, avocate générale auprès de la Cour d’Appel de Paris, y aborde le traumatisme judiciaire que peuvent vivre certaines victimes face au défaut de crédibilité par manque de preuves. Un frein à la parole, pour des victimes qui ont déjà du mal à dénoncer leurs agresseurs.
« Dans les viols ou tentatives de viol, seule 1 plainte sur 10 aboutit à une condamnation »
Cette naissance conceptuelle de HeHop remonte à juin 2018. Depuis, Sandy Beky s’est efforcée de trouver les financements pour concrétiser le projet en une application, tout en s’entourant des bonnes personnes pour mener à bien son initiative. Mais le plus gros reste à venir. L’application se déclenche aujourd’hui manuellement. « La prochaine étape est d’avoir un déclenchement par commande vocale à distance », ajoute Sandy. L’équipe compte aussi décliner l’application dans des versions plus spécialisées, destinées aux campus ou au monde du travail. En effet, « adapter HeHop aux besoins d’un environnement particulier est de nature à faciliter l’adoption et l’usage de l’application ».
Un des autres enjeux est de faire savoir que le dispositif existe et qu’il peut compléter d’autres moyens mis en œuvre par des acteurs déjà engagés dans la lutte contre ces violences. Il est important pour Sandy Beky de rappeler que la volonté de l’association est de « s’inscrire complètement dans ce qui existe déjà, pas d’évincer ou remplacer les autres dispositifs ».
Selon Sandy, l’utilisation d’une application comme HeHop doit pourtant s’accompagner d’une communication sur les différentes formes et stades de la violence
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L’usage de Hehop et son efficacité reposent aussi sur la prise de conscience de la victime. Il faut qu’elle identifie les faits de violence qu’elle a subie et que sa situation nécessite la constitution d’un dossier de preuves. Une notion des plus primordiales sur les campus, avec lesquels HeHop espère pouvoir collaborer pour intégrer cette prise de conscience. Le réflexe de capture de preuves doit donc être inscrit dans les programmes de sensibilisation et les formations proposées sur ce sujet aux étudiant.e.s.