Chapitre #4 | Acte 2 : Comment Paris est devenue la dernière grande capitale du monde à passer à la 5G ?

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En ce mois de mars, la France peut se targuer d’une statistique que l’on aurait bien laissée à d’autres pays. Paris est enfin passée à la 5G, mais elle est l’une des dernières capitales mondiales à le faire. Analyse d’un échec. 

Si l’on regarde la frise chronologique de l’European 5G Observatory sur le développement de la 5G dans le monde, deux éléments frappent. Le premier, c’est que le réseau nouvelle génération est disponible en Finlande, aux États-Unis et en Corée du Sud depuis 2018 déjà. Le deuxième, c’est que sur cette frise qui se termine en décembre 2020, la France n’y figure pas. 

Le lancement sporadique du réseau à travers le pays à la fin 2020, et notamment l’absence de couverture dans sa capitale, ne semble pas être qualifié comme un véritable lancement. La Roumanie, qui utilise aussi l’opérateur Orange, profite de la 5G depuis bien longtemps : octobre 2019. Comment des opérateurs français peuvent-ils couvrir d’autres pays avant le nôtre ?

Un long bras de fer politique 

Lors du Conseil de Paris du 15 mars 2021, une charte parisienne de la téléphonie mobile a été adoptée. C’est ce texte, et sa signature par les principaux opérateurs français (Bouygues Telecom, Free Mobile, Orange et SFR), qui a enfin permis à la capitale d’accueillir la 5G. Cette charte est le résultat de longs mois de débats et de la création d’une convention citoyenne, face à une forte opposition sceptique quant à l’arrivée de ce nouveau réseau 5G en France. 

Paris n’est pas la seule concernée par cette réticence, qui a véritablement bloqué le développement du réseau en France. Nantes, Lyon, Strasbourg, Bordeaux ou même Lille, qui a halté la commercialisation de la 5G jusqu’à la publication des résultats d’un moratoire sur les impacts sur la santé et l’environnement au printemps 2021, ont tenu les opérateurs en haleine jusqu’à céder. En cause, les élus écologistes et les citoyens, inquiets des effets de la 5G, qui ont fait pression sur les mairies et leurs contrats avec les opérateurs français. 

Pas de risques avérés 

L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), comme nous le citions dans notre article sur la 5G l’année dernière, n’a pas encore pu établir de réels effets néfastes de ce réseau nouvelle génération sur notre santé. Cependant, l’agence estime que les signaux ne devraient pas être plus dangereux que ceux de la 4G, qui nous entourent quotidiennement. L’autre aspect, l’environnement, est plus discutable. 

Comme nos collègues du Monde l’ont démontré, si la 5G est conçue pour être moins énergivore, son développement entraînera forcément une hausse de consommation d’énergie. L’impact environnemental de ce nouveau réseau sera donc négatif, du moins sur le court-terme. 

Ce sont ces doutes et questionnements qui ont principalement retardé l’arrivée de la 5G en France, et plus particulièrement à Paris. Des clivages politiques, avec une réticence commune des élu.es de la gauche et des Verts, ont d’autant plus eu d’impact avec la vague verte municipale de 2020, qui a vu les maires de grandes métropoles comme Lyon, Strasbourg ou Bordeaux devenir écologistes. Un phénomène similaire observé à Paris, où la maire PS Anne Hidalgo s’est alliée avec les Verts. 

(Re)lisez notre enquête sur le retard numérique français ici !

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