Le retour du Король (roi) : Borat, comédie légère ou satire parfaite ?

Sacha Baron Cohen renfile son mankini et sa moustache. Borat est de retour, pour le meilleur ou pour le pire ?
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Avec la sortie, sur Amazon Prime, de son nouveau film le 23 octobre 2020, “Borat 2 : Livraison bakchich prodigieux pour régime de l’Amérique au profit autrefois glorieuse nation Kazakhstan”, Sacha Baron Cohen compte encore une fois marquer, par son humour caractéristique et sans limite, le monde qui nous entoure. Décryptage de ce personnage qui ne se laisse aucune limite pour transmettre un message. 

“En tant que comédien, j’ai tenté d’utiliser mes personnages pour amener les gens à baisser leur garde et à montrer ce qu’ils croient réellement, y compris leurs propres préjugés.” C’est avec ces mots, lors de l’Anti-Defamation League 2019, que l’humoriste britannique qualifie sa carrière. 

Le rappeur Ali G, le journaliste homosexuel autrichien Brüno, l’amiral-général Shabazz Aladeen, le hooligan anglais Norman Butcher et bien évidemment Borat Sagdiyev le reporter kazakh… Sacha Baron Cohen n’a pas peur d’utiliser la controverse, toujours à travers le prisme d’un personnage particulier. Et à l’approche des élections américaines 2020, il rechausse les crampons de son alias le plus emblématique : Borat. 

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Le premier opus, sorti le 15 novembre 2006, n’a pas laissé le monde du septième art indifférent. Avec une nomination pour l’Oscar du meilleur scénario adapté et le prix du meilleur acteur dans une comédie ou comédie musicale aux Golden Globes, “Borat : Leçons culturelles sur l’Amérique au profit glorieuse nation Kazakhstan” fut un véritable succès. Le film a rapporté la somme de 260 millions de dollars

Mais l’humour semble avoir ses limites. Le faux documentaire parodique a reçu plusieurs plaintes : sexisme, homophobie et antisémitisme. Ironique, Sacha Baron Cohen appartenant à une famille juive orthodoxe. Le Kazakhstan, mère patrie du personnage et de son iconique Mankini a même refusé de diffuser le film à la sortie, avant de rectifier le tir au vu de l’augmentation du tourisme dans le pays grâce au long-métrage. Ces retombées sur la société, en Occident comme au Moyen-Orient, montrent un fait évident : Borat n’est pas qu’un film. 

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© Amazon Prime Video

La (pas si) nouvelle cible de Borat : l’Amérique conservatrice 

Pour les nouvelles aventures d’un des moustachus les plus célèbres du cinéma, Borat retourne aux États-Unis accompagné d’une alliée de taille : sa propre fille, incarnée avec brio par Maria Bakalova. Leur mission ? Offrir la fille de Borat au vice-président américain, Mike Pence, en guise de cadeau du Kazakhstan.

Une aventure toute aussi improbable que profondément réelle attend les deux personnages, qui vont s’immiscer au plus profond de cette Amérique qui a donné naissance à Donald Trump. Du début à la fin, le film parodique mélange à la perfection humour et malaise palpable. D’une synagogue à un rallye républicain, d’un campement de conspirationnistes à un salon de chirurgie esthétique, cette suite délicieusement satirique reprend les codes du carton de 2006 avec un tout autre enjeu quelques jours avant une possible réélection de Donald Trump.

Le parfait exemple n’est autre que lorsque Borat et sa fille piègent l’avocat de Donald Trump et ancien maire de New-York, Rudy Giuliani, la main dans le slip. Un piquant parallèle avec les scandales sexuels qui ont accompagné la campagne de Trump en 2016. Cette séquence déjà culte a été partagée sur les réseaux sociaux avant la sortie du film. Si la scène montre l’ex-maire allongé sur le lit, main dans le pantalon en face de la jeune femme, Giulani affirme qu’il mettait simplement son micro en place. Scène détournée ou réel comportement problématique, on vous laissera vous faire votre propre avis. 

Que l’on aime ou pas, Sacha Baron Cohen et le mythique Borat vont encore une fois faire parler d’eux avec la sortie de ce nouveau film, ce vendredi 23 octobre sur Amazon Prime Video. Mais cette suite, aussi rustre soit-elle, dessine avec la même finesse que le premier opus le portrait d’une société à travers des clichés bien ancrés. Le Kazakhstan et les États-Unis servent tous les deux de miroir métaphorique, chacun étant la parodie de l’autre. De la place des femmes à la xénophobie, le second degré est utilisé comme un moyen imparable de mettre le spectateur face à ses propres préjugés. 

Photo d’illustration : © Amazon Prime Video.

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