Le cinéma vit des heures sombres. Dans cette situation si particulière, l’industrie du film doit s’adapter et se repositionner pour limiter les pertes. Mais comment recréer un mastodonte de toutes pièces qui en 2018 rapportait plus de 96,8 milliards de dollars au niveau mondial ?
Dans une galaxie lointaine, très lointaine, l’humanité a été frappée par un virus inconnu qui paralyse encore aujourd’hui toute vie normale. Chez les victimes des dommages collatéraux, on compte les salles, les acteurs, producteurs, techniciens, réalisateurs et téléspectateurs du cinéma. Même si depuis sa naissance, en mars 1895, le septième art a toujours réussi à s’adapter, cette fois-ci l’ennemi se veut plus coriace.
Quand on parle d’adaptations qui ont façonné la légende du cinéma, on pense à la 3D, au CGI ou dernièrement au Stagecraft utilisé dans la série The Mandalorian. Le Stagecraft c’est « un gigantesque écran LED de 6 mètres de haut et de 22 mètres de long, incurvé, qui englobe la scène en formant un arc de cercle de 270 degrés ». De quoi s’affranchir des fonds verts tout en plongeant l’acteur au cœur de l’action.
Mais ce bijou de technologie ne suffira pas. Et puis Hollywood semble avoir misé sur un autre cheval.
King Kong et Godzilla, sauveurs de l’humanité ?
Sorti le 24 mars 2021 simultanément au cinéma et sur la plateforme de streaming HBO Max aux États-Unis, Godzilla vs Kong a pulvérisé les compteurs. En cumulant les deux supports, le long-métrage a produit le meilleur démarrage au box-office américain pour les films sortis en 2021, avec un total de 48,5 millions de dollars pour son premier week-end. Un résultat synonyme de triomphe.
Depuis le début de la pandémie, les producteurs attendaient « le » film pouvant inciter les gens à retourner dans les salles obscures. Cela démontre que malgré une disponibilité en VOD, les gens se sont déplacés pour profiter pleinement de l’expérience fournie par le bébé de Warner Bros.
La dictature du streaming
Même si les deux titans ont réussi à rameuter les foules en salle, la covid-19 a offert au streaming un coup de pouce précieux. Les plateformes de streaming ont vu leurs chiffres exploser durant les différents confinements. Une situation qui a incité les plus grandes sociétés de production au monde, comme Warner Bros ou Disney, à changer de stratégie. La maison-mère de Mickey propose elle aussi de diffuser des films en salles et sur sa plateforme. Ce sera le cas du prochain long métrage des studios Marvel, Black Widow, prévu en juillet 2021, qui sortira simultanément dans les salles obscures américaines et sur Disney +. Ce ne sera pas le cas en France, les cinémas bénéficiant de la chronologie des médias.
Cette disparition progressive de l’attirance des multiplexes, deux hommes l’avaient prédit quelques années plus tôt. Ces deux hommes ne sont autres que Georges Lucas et Steven Spielberg, deux monuments du cinéma hollywoodien. Ils déclaraient le 12 juin 2013 à l’University of Southern California (où ils ont fait leurs études) que les super productions couleraient l’industrie du cinéma et que les prix d’une place de ciné pourraient un jour atteindre les 150 euros. « Il y aura une implosion le jour où trois-quatre, voire une demi-douzaine, de ces films aux budgets énormes vont se planter et le modèle va encore changer », alertait le réalisateur de E.T.
Comment envisager le futur ?
Malgré cette vision pessimiste des deux réalisateurs qui ont façonné les dernières décennies de blockbusters, le cinéma ne veut pas s’avouer vaincu.
Les organisations professionnelles du cinéma français – BLIC (Bureau de Liaison des Industries Cinématographiques), BLOC (Bureau de Liaison des Organisations du Cinéma) et ARP (Société civile des auteurs, réalisateurs et producteurs) se sont réunies ce 6 avril pour rédiger un accord sur une nouvelle chronologie des médias.
Dans ce communiqué, les trois organismes de la chronologie des médias – responsable de l’ordre et des délais sur lesquels les services d’exploitation des œuvres cinématographiques interviennent – précisent que « cette proposition va dans le sens d’une simplification de l’accord actuel, avec un démarrage des diffusions audiovisuelles à six mois après la sortie en salle ». En ajoutant que ce nouveau scénario « veille à préserver les équilibres fondamentaux de l’actuelle chronologie, en améliorant la disponibilité des œuvres pour le public, tout en organisant un accroissement de valeur globale pour l’ensemble de la filière ».
Une décision qui nous offre à nous, amoureux du cinéma, quelques notes d’espoirs pour les prochains mois à venir.