Dans la plupart des pays du monde et même dans le règne animal, les femmes vivent en moyenne plus longtemps que les hommes. Analysons ensemble ce qui rend les femmes moins pressées de rencontrer la Faucheuse.
L’INSEE indique que l’espérance de vie à la naissance en France atteint 85,6 ans pour les femmes, et 79,7 ans pour les hommes en 2019. Soit un écart de longévité de presque 6 ans ! En Europe, l’écart moyen de durée de vie entre les femmes et les hommes se situe à 5,2 ans en 2019. La même année, dans le monde, les femmes vivent en moyenne 4,4 ans de plus que les hommes selon l’OMS. Plus encore, selon une étude de l’Université d’Oslo en Norvège, on retrouve une espérance de vie plus longue de 11% en moyenne chez les femelles de 101 espèces de mammifères.
Cette différence universelle n’est pas le fruit du hasard : elle repose sur des facteurs biologiques et environnementaux, du moins selon notre connaissance actuelle de la science.
Tout d’abord, les mâles et les femelles ont une différence primordiale : les hormones. Dans le règne animal, humains compris, les femelles produisent des œstrogènes, et les mâles de la testostérone. L’hormone reproductrice féminine possède un atout de taille : elle booste le système immunitaire. L’œstrogène produit une enzyme qui améliore la résistance aux bactéries, en plus de protéger naturellement des maladies cardio-vasculaires. Au contraire, chez le mâle, un taux élevé de testostérone a tendance à nuire au système immunitaire.
Du côté des maladies aussi, les hommes et les femmes ne sont pas logés à la même enseigne. Si les cancers apparaissent à peu près à répartition égale chez l’homme et la femme, les hommes en meurent presque deux fois plus. Les femmes sont aussi souvent affectées par des maladies chroniques plus fréquentes, mais moins fatales, comme l’arthrose ou l’ostéoporose. Les hommes quant à eux, ont tendance à développer des conditions à plus haut risque comme le diabète ou les maladies cardio-vasculaires.
L’importance du mode de vie
Mais ces différences ne viennent pas que de prédispositions génétiques. Un simple tour sur la page Reddit r/WhyWomenLiveLonger (“pourquoi les femmes vivent plus longtemps”) vous montrera que les hommes ont aussi une tendance à forcer le destin. Jouer littéralement avec le feu, ne pas sécuriser une échelle en bricolant, conduire sans ceinture… Plus sérieusement, les hommes ont aussi des comportements plus dangereux dans la vie quotidienne. Le tabagisme, l’alcoolisme ou la consommation de stupéfiants sont tous des comportements majoritairement masculins, qui engendrent des dommages à court-terme aussi bien qu’à long-terme sur le corps humain.
En plus d’apporter plus d’attention à leur santé, les femmes sont aussi principalement représentées dans les emplois de service à la personne, de la santé ou de l’administration, où les risques sont faibles. De l’autre côté, les hommes sont majoritaires dans les métiers de l’industrie, du bâtiment ou des transports. Le taux de mortalité dans ces secteurs est 15 fois plus élevé pour les hommes. Ces derniers sont aussi de bien pires conducteurs que les femmes, contrairement à la ridicule légende des femmes au volant. En 2016, les hommes représentaient 75% des décès sur la route, et 92% des conducteurs alcoolisés.
Un écart qui se réduit
Alors qu’une meilleure égalité des sexes s’installe dans les pays développés, et que des comportements nocifs comme le tabagisme reculent, l’espérance de vie masculine rattrape petit à petit la longévité féminine. En 2019, l’espérance de vie a gagné 0,5 ans pour les hommes, et 0,2 pour les femmes. D’ailleurs, après 65 ans, les femmes vivent plus longtemps mais en moins bonne santé, selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). Et l’espérance de vie sans apparition d’incapacité sévère se situe à 64,6 ans pour les femmes, et 63,7 ans pour les hommes. Les femmes vivent donc plus longtemps, mais tout aussi malades que les hommes une fois un âge avancé atteint.